Au plaisir du roi

N°138

Angleterre 1170

- Mon cher Roen, commença le roi, si je vous convoque ainsi dès potron-jaquet, c'est que j'ai reçu un appel à l'aide de mon vieil ami, lord Edmond. Un traître, pense-t-il, menace les siens et plus précisément son héritière,Léonora.
Roen pâlit. Léonora... Il ne l'avait rencontrée qu'une seule fois, mais ses répliques acérées demeuraient gravées au fer rouge dans sa mémoire. De même que ses yeux, semblable à de l'or en fusion...
- Comme la demoiselle n'est pas mariée, enchaina le roi, le traître espère peut-être qu'elle prendra le voile et renoncera à son dû. Pour l'instant, donc, le félon reste dans l'ombre. Mais il en sortirait sûrement si Léonora se fiançait..
- Jamais ! s'insurgea Roen. J'ai beau être votre homme lige, Henri, vous ne sauriez exiger de moi pareil sacrifice !
- Pas plus que de Léonora, d'ailleurs, dit finement le roi. Elle pourrait refuser d'être votre femme...
- Fi donc ! Bien que dépourvu de terres, je ne suis pas un gueux ! Rançons et butins m'ont valu assez d'or pour conquérir n'importe quelle femme !
Le sourire du roi s'élargit.
- Vraiment, mon ami ? Eh bien, prouvez le !